Les Espaces d'Egied Simons (The spaces of Egied Simons)
N.N. (1992)
La Wallonie, 21 February
Jusqu'au 1er mars, la Galerie Catherine Mayer présente les oeuvres récentes d'Egied Simons. Catherine Mayeur note dans son texte de présentation: "Circonscrire un volume, éprouver un espace, et ce par la confrontation de la bidimensionalité, c'est le défi que propose le sculpteur; et par ailleurs, lorsque ses oeuvres se déploient et s'emparent physiquement du lieu, elles en donnent la lumière ou se font pur reflet. Toujours, pourtant, sans souci apparent de questionner un médium (éventuellement, il pourrait s'agir d'interroger l'un par l'autre, de mettre en exergue leurs relations), la matière ne pouvant être que brute, tout autant du sujet. La frondaison des arbres s'inscrit dans le même cadre que le vol désarticulé de moustiques aveuglés par une lumière vive braquée dans une pièce artificiellement obscure. Dans chaque oeuvre, l'artiste dit de l'espace la profondeur ou l'étendue. Il ne retient de la forêt - qui plus est se voit présentée en frise et sans distinction de plans - qu'une étrange masse qui flotte ? mi-hauteur des troncs. La danse frénétique des insectes, par l'inscription de sa propre durée, définit un espace aléatoire. Le volume éclatera tout à fait par l'envol provoqué d'étourneaux, effrayés par le choc asséné au tronc - au socle? - de l'arbre-sphère où ils étaient logés.
C'est finalement, et depuis toujours, l'espace indéterminé, même si régenté par des limites précises, qui préoccupe Egied Simons. Celui d'une pièce, que l'on reconstruit à partir des données de base, clairement définies à les surfaces du sol et du plafond. Il n'en est pas pour autant donné, mais il enveloppe. Ou celui tellement vide, sans fond, d'un garage - on finit par s'en apercevoir -, tellement vaste qu'on y rentre, on y rentre alors qu'à chaque fois on bute sur l'écran plat de la photographie. On voudrait, tout comme Egied Simons, oublier cette surface si plane qu'elle s'en confond avec le mur, mais sans elle nous risquerions de nous perdre, à moins que déjà... J'aime ce paradoxe du heurt avec une non finitude. Que peut-il y avoir d?autre? Ou plutôt qu'aimerions-nous chercher d'autre?"